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L'abandon sur le Marathon des Sables

Comme sur toutes les courses hors normes (entendez par là, les courses dont la distance ou la difficulté en font des épreuves au delà de courses qu'on pratique habituellement), le Marathon des Sables génère un certain nombre d'abandons.

Vu le contexte de l'épreuve, sa durée, ses conditions climatiques, le portage résultant de l'autonomie, on pourrait logiquement s'attendre à avoir un taux d'abandon important, tel que ce que l'on peut constater dans les autres grandes épreuves.

Bien urr, suivant les années les taux d'abandons varient, mais si on considère que l'édition 2014 est représentative des conditions de course sur le Marathon des Sables (on laisse de côté les deux années où les conditions étaient jugées hors normes) on arrive au résultat de 113 abandons sur 1029 inscrits soit un taux d'abandons d'environ 11%.

 

Chiffre étrangement faible ? Si on regarde quelques autres types d'épreuves à titre de comparaison.

Marathon de Paris 2014, 40 783 partants pour 39 115 finishers soit 1668 abandons soit un taux de 4%. Mais les conditions de courses n'ont pas grand chose à voir.  

Ultra Marin (Raid du Golfe du Morbihan) Sur le 177km, en 2013, l'année où je l'ai fait,  il y a eu presque 50% d'abandons ! Sur une épreuve longue mais faiblement technique. Par contre il avait fait chaud, mais pas autant que dans le Sahara.

Si on regarde du côté de l'UTMB le taux d'abandon tourne régulièrement au dessus des 50% avec presque 57% en 2013. Et la mise en place des courses qualificatives n'a pas eu d'effet notable sur l'évolution du taux d'abandon qui a beaucoup bougé ces dernières années en raisons de conditions climatiques souvent difficiles.

Paradoxalement sur le GRR (Réunion) le taux d'abandon est un peu plus faible avec 44% en 2010 ou 48% en 2011, et est même descendu autour des 30% en 2013, mais avec des barrières horaires bien plus larges qu'à l'UTMB.

Pour les 100 km de Millau,  le chiffre est plutôt autour des 20-25% d'abandon. Taux important pour une course sur route mais lié au fait que l'épreuve est largement ouverte au coureurs et aux marcheurs.


Quoi qu'il en soit, et à moins d'aller faire le Marathon de Paris, on est toujours assez loin des 11% du Marathon des sables. Ce faible taux peut probablement s'expliquer par différents éléments.

Le premier est probablement la préparation des concurrents. Le contexte de la course mais également son prix font qu'on ne s'y engage pas à la légère. Autant certains vont mettre 80 euros et s'inscrire à une course "pour voir", autant quand on parle d'un budget supérieur à 3000 euros, on a tendance à y aller un peu moins à la légère. Du coup on se prépare mieux !

Un second élément est probablement lié au format de la course. On est dans une épreuve à étapes et non pas dans une courses non stop. Cela permet de réduire considérablement la durée d'effort quotidienne et laisse le temps de traiter les petits bobos avant qu'ils ne s'aggravent de trop.

Troisième élément, ce sont les barrières horaires. A la différence de courses comme l'UTMB où les barrières, même si elles sont accessibles, n'en sont pas moins relativement serrées (en tous cas pour les coureurs de mon niveau), alors que sur le Marathon des Sables, on sent qu'il y a une volonté d'essayer d'amener un maximum de gens à l'arrivée. Du coup les barrières sont assez larges pour permettre à de bons marcheurs de finir dans les délais (Guy et Christine pourraient vous le confirmer).

Il y a probablement d'autres raisons mais déjà au départ, on a une situation de course beaucoup plus favorable qu'elle n'y parait au premier abord. 

 

Ensuite si on creuse un peu ces abandons sur l'édition 2014, que remarque t on ?

Etape 1 = 20 abandons
Etape 2 = 26 abandons
Etape 3 = 43 abandons
Etape 4 = 15 abandons
Etape 5 = 9 abandons
Etape 6 = 0 abandon

Les abandons ont lieu principalement les jours 2 et 3, et finalement assez peu sur la longue (étape 4). C'est un phénomène qu'on constate également sur les courses non stop. Il y a un seuil à franchir.

En non stop, ce seuil se situe généralement le 2ème jour de course. Le premier jour, tout se passe bien, et on est dans un périmètre d'effort que l'on maitrise.

Passées les 24 premières heures, là on rentre dans le dur. L'organisme est rarement habitué à des durées d'effort de plus de 24h, et du coup il va tenter de résister. C'est à ce moment que le "gros des troupes" va tomber. Sur la Trans 333 (350km non stop) en 2011, 75% des abandons ont eu lieu le deuxième jour !

Mais alors que se passe t-il ensuite?  C'est simple, après avoir résisté le corps s'adapte, et on entre dans une phase où l'effort se nivelle assez facilement. Mais pour s'en rendre compte il faut dépasser les 48h de course ce qui n'est pas fréquent (la barrière horaire à l'UTMB est autour des 32 heures).

Sur le Marathon des sables l'effet est un peu plus dilué du fait des étapes. Du coup la vague des abandons se situe un jour plus tard, mais l'effet reste globalement le même. 80% des abandons sur les 3 premiers jours et 20% seulement sur les 3 derniers jours.

Donc, sauf blessure importante, si vous gérez bien les 3 premiers jours, il y a toutes les chances pour que vous finissiez la course. Mais attention, n'oubliez pas que ce type d'épreuve réserve souvent des surprises et ne vous laissez pas abuser par des chiffres qui pourraient vous laisser penser que c'est gagné d'avance. 

Ne lâchez rien! Jamais !


Michel

 

Tag(s) : #MDS 2015, #course
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