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UTPB 2019 - Le CR (Part V)

De CP2 à CP3

Un peu avant 20h00 je m'extirpe du confort de CP2 pour attaquer enfin la fameuse Plage Blanche. Ca commence par quelques centaines de mètres sur la fin de l'oued pour rejoindre la plage puis j'arrive en front de mer avec une longue ligne droite à perdre de vue qui file devant moi.

UTPB 2019 - Le CR (Part V)

Dès les premiers mètres ça débute avec difficulté. La marée était haute à 19h00 et commence à peine à entamer sa descente. Pas de chance, soit je suis dans le sable sec complètement mou, soit dans le sable humide encore plein d'eau et ... mou aussi. A chaque pas je m'enfonce de plusieurs cm. Si c'est comme ça pendant 30 bornes, ça va être compliqué !

UTPB 2019 - Le CR (Part V)

Cyrus avait raison quand il nous disait "La plage blanche, vous aller adorer les premiers kilomètres et après vous allez la détester". En fait c'est dès le départ que je l'ai détestée, même si ça s'est arrangé par la suite !

UTPB 2019 - Le CR (Part V)

Cette première section est usante physiquement pour les cuisses et va durer environ deux heures. Ce n'est qu'avec la tombée de la nuit et un retrait plus important de la mer que je vais commencer à retrouver une zone assez dure pour reprendre une allure de progression normale.

UTPB 2019 - Le CR (Part V)

On n'est pas très nombreux sur la plage, les rares frontales se voient de loin. Pour ma part j'ai décidé de ne pas l'allumer. L'oeil s'habitue très bien à la lumière ambiante et l'absence d'obstacle permet d'avancer sans risque. Je me sers du reflet brillant que laissent les vagues sur la plage pour savoir jusqu'où je peux m'aventurer. La lune est incomplète et les passages nuageux la masque régulièrement, mais la lumière est suffisante pour progresser sans risque.

Je ne vais pas très vite et à cette allure je ne remonte personne, mais je ne me fait pas rattraper non plus, c'est toujours bon signe.

UTPB 2019 - Le CR (Part V)

Quelques heures plus tard, un peu avant minuit, je  remonte  assez  rapidement sur une frontale devant moi. Impossible de savoir de qui il s'agit à ce moment-là. Je continue de remonter dessus et dès que je me rapproche, je vois qu'il titube et qu'il s'affaisse. Je me dépêche de me porter à sa hauteur. C'est Miguel, le concurrent avec qui j'ai fait un petit bout de chemin ce matin. Immédiatement, il me demande d'appeler les secours et me donne son téléphone. Tentative d'appel, mais tout est en espagnol... et le réseau est quelque peu aléatoire. J'arrive à laisser un message à la  direction de course mais la communication est coupée et du coup je ne sais pas s'ils ont eu les informations. 

En attendant, pas question de rester ici dans le sable détrempé, d'autant qu'avec le vent qui souffle bien, c'est un truc a faire une hypothermie.

J'essaye tant bien que mal de faire reprendre conscience à Miguel car vue la carrure du bestiau, pas possible d'envisager de le porter, ni même de le tirer et comme je ne vois pas de frontale proche derrière moi, on ne va pas attendre dans l'eau que quelqu'un arrive.

Tant bien que mal il se relève, et je lui fais remonter sur la plage en direction du sable sec. Là on se pose et il s'affale. J'essaye de l'enrouler dans sa couverture de survie (du bon côté, car tout le monde sait qu'il y a un côté chaud et un côté froid sur une couverture de survie...), mais vus sa taille ça en couvre juste la moitié. Qu'à cela ne tienne, je fini de l'emballer avec ma couverture. Je m'assois juste devant lui pour couper le vent et j'essaye à nouveau de rentrer en contact avec l'organisation. Le réseau étant plus qu'aléatoire à cet endroit on décide de fonctionner par SMS. Au moins dès qu'il y a un peu de réseau le message part.

Concrètement pour le moment, à part m'être assuré qu'il était conscient, l'avoir mis en PLS et protégé du froid avec les couvertures de survie, je ne vois pas vraiment ce que je peux faire de plus.

J'interpelle au passage les deux premiers coureurs qui passent sur la plage. Par sécurité je leur explique la situation en leur disant que si jamais pour une raison ou une autre l'alerte était mal passée, qu'ils préviennent PC3 de ce qu'il se passe. De toute façon on est sur la plage entre CP2 et CP3, donc entre la mer d'un côté et les dunes de l'autre ils ne pourront pas nous rater.

L'attente parait interminable (c'est souvent le cas quand on attend) et surtout assis en plein vent je me caille. 

Finalement un 4x4 arrive avec l'équipe médicale et Cyrus. Miguel est tout de suite pris en charge, le 4x4 repart et j'ai a peine réalisé ce qu'il se passe que je me retrouve tout seul à reprendre ma route vers CP3. Impossible redémarrage. Déjà la dynamique n'est plus là, l'arrêt a coupé pas mal de choses mais surtout j'ai attrapé froid et j'ai des maux de ventre et en fait l'arrêt d'une heure en plein vent a déclenché pleins de douleurs un peu partout. J'essaye de faire le point. J'allume le GPS qui me dit que je suis à 12km de PC3.
 
Ma priorité pour le moment est d'aller là bas et de voir une fois sur place. D'une allure soutenue que j'avais avant cet incident, je suis passé à une allure d'escargot parisien comme dirait JP. Je remonte bien quelques concurrents dont Valérie et Capucine, mais même si je les dépasse j'ai vraiment l'impression de me traîner. Ces 12km sont compliqués à gérer et s'il n'y avait pas eu en cible l'arrivée du 80km au PC3 j'aurais probablement pas maintenu l'allure.

Toujours sans frontale je remonte encore quelques concurrents dont Philippe jusqu'au moment ou je vois sur ma droite la large faille qui marque l'emplacement où se situait CP3 il y a deux ans. Normalement ici je devrais traverser l'écoulement d'un oued qui termine de traverser la plage mais aujourd'hui il n'y a pas d'eau. Ca passe bien, et tant mieux. 

Après la faille, on doit normalement aller chercher le CP un peu à l'intérieur des dunes. Je le vois de loin avec sa lampe qui clignote, mais en  m'approchant je tombe sur Marc qui m'explique que la montée directe vers le CP a été travaillée par un bulldozer dans l'après-midi et est impraticable. Il nous conduit sur une piste qui contourne un peu mais qui reste plus simple techniquement pour rejoindre le CP.

J'arrive au CP3 à vers 3h30 du matin (de mémoire).

Tag(s) : #UTPB2019, #Retour d'expérience, #course
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